Les métiers de The Witcher 3
Même si je fais un peu durer le plaisir, j'aurai très bientôt terminé en long et en large The Witcher 3 et ses deux extensions. Ce n'est pas très original de chanter ses louanges alors qu'il a reçu un accueil unanime, mais c'est un jeu qui m'a transporté comme rarement. Et ce que j'en garderai de plus marquant est sans aucun doute son monde vivant et "réaliste".
C'est toujours un peu périlleux d'appliquer ce qualificatif à un univers fantastique (et puis c'est devenu un cliché depuis la popularité du Trône de Fer), mais la fantasy de The Witcher 3 est particulière. Plus mélancolique qu'heroic, c'est celle d'un monde qui tend rapidement vers la normalité et le terre-à-terre. Bien que toujours proches pour le joueur, la magie et les monstres relèvent déjà du folklore pour la plupart des personnages qu'on croise.
Les centres d'habitation sont en fait quasiment vierges d'éléments fantastiques. Et l'open-world gigantesque du jeu fourmille de détails visant à l'ancrer dans notre monde, plutôt qu'à en créer un nouveau de toutes pièces. L'architecture des bâtiments et les costumes évoquent l'Europe Centrale et du Nord, dans une période entre le Moyen Âge tardif et la Renaissance.
Si la forme des territoires est fictive, la topographie renvoie un sentiment de plausabilité dans l'arrangement des collines, des cours d'eau, des bois et des marais[1]. C'est aussi le cas pour la façon dont les activités humaines interagissent avec la géographie, comme le tracé des chemins qui épouse le terrain, ou encore l'implantation des villes sur les côtes ou le long des cours d'eau.
Et je me souviens de mon tout premier émerveillement à la découverte de la flore du jeu. Pas seulement pour sa variété et son foisonnement réjouissant, mais parce qu'on peut y reconnaître toutes les espèces de plantes qui y figurent. Les quelques-unes qui sont nommées pour servir d'ingrédients d'alchimie ont leur apparence réelle (ciguë, sabline, aconit, etc.). Mais même celles qui servent simplement de décor sont modélisées avec soin et tout aussi facilement identifiables. Me promener parmi les chênes et les saules de Velen, la bruyère et les pins de Skellige, et les roses trémières qui se balancent au vent dans les villages… Mon plus grand plaisir dans ce jeu est peut-être d'ordre botanique :)
Le réalisme du jeu s'exprime aussi par l'humanité que dégagent les PNJ dans les situations rencontrées. C'est un mélange de modélisation, d'écriture et de mise en scène remarquables en tous points. Il y a beaucoup à dire, et de nombreux articles ont été écrits à ce sujet à la sortie du jeu. Si ça vous intéresse, j'avais trouvé celui-ci particulièrement bien : The Relentless Humanity of The Witcher 3.
Un dernier aspect du jeu me fascine complètement, au croisement de l'environnement et des personnages qui le peuplent : la représentation des métiers. Les villes et villages grouillent de gens qui vaquent à leurs occupations quotidiennes. On y retrouve bien sûr les clichés habituels du jeu médiéval-fantastique. Les aubergistes, armuriers, herboristes et autres commerçants ayant une utilité pour le jeu.
Mais on y voit surtout des paysans, des artisans et des ouvriers qui travaillent, sans s'occuper de ce que fait le joueur. Les interactions avec eux sont quasi-nulles, c'est une fois de plus "simplement" du décor. Et ceci a déja été fait dans de nombreux jeux prétendant au réalisme. Mais jamais je ne l'ai vu poussé à un tel degré. Dans les métiers présentés, les gestes et les techniques mises en œuvre, j'ai parfois l'impression d'être dans un documentaire de reconstitution archéologique, et je trouve ça passionnant dans un jeu aussi grand public.
Suivez Geralt dans cette petite galerie (incomplète) des métiers du jeu :
mais elle n'échappe pas aux distances trop courtes et aux montagnes trop basses qu'on rencontre dans la plupart des open-world. ↩︎